Dans le cadre des résidences d’artistes et d’écriture qui se mettent en place à La Cherche vous êtes invités à une présentation de deux projets de films documentaires en écriture.
Les réalisateurs Martin Benoist et Frédéric Leterrier vous présenteront les parcours d’écriture de leurs films. A l’heure du goûter pour certains ou de l’apéro pour d’autres, nous pourrons échanger autour de ces projets et aborder de façon plus large le processus d’écriture de films documentaires.
Samedi 22 juin, 16h30
La Cherche, Quai Lawton Collins
La saison des tourteaux de Martin Benoist
Qu’est-ce que la beauté quand on est malvoyant profond, et que l’on vit à Étretat : territoire de plus en plus réduit à une image plus qu’à une expérience réelle de son paysage ?
Christophe est malvoyant profond de naissance et pêche à pied depuis ses six ans. Sur l’Estran, juste derrière l’image d’une falaise que les impressionnistes ont contribué à magnifier, chaque rocher et chaque trou ont pour lui une histoire propre, et sont liés à une part de la sienne.
Le film se déroule sur le temps d’une saison de pêche, la saison des tourteaux, pendant quelques semaines entre avril et juin, durant lesquelles peu ou prou en même temps que les crabes, arrivent les touristes à Etretat. L’histoire de Christophe se joue et se rejoue à chaque pêche, et avec elle, un peu de la nôtre.
Nous découvrons avec lui une autre histoire que celle de l’« ancien village de pêcheur » que l’on veut bien raconter aux touristes. Avec elle c’est la possibilité d’appréhender l’environnement d’une manière plus sensible qui se dessine, ainsi qu’une philosophie de « la vie bonne » où la transmission, le partage, la convivialité, résistent encore et confinent au sublime.
L’ensemble du film est tourné avec une petite caméra étanche GoPro, afin de pouvoir cheminer avec Christophe dans cet environnement particulier, et produire une expérience filmique plus immersive.
Duas colunas de Frédéric Leterrier
Postées sur les colonnes, les mouettes semblent remplir leur mission de gardiennes du bruit sourd et lointain de la ville de Lisbonne.
Dos à la cité, le regard du promeneur se retrouve absorbé par le fleuve qui happe ses pensées.
Les deux colonnes posent un cadre dont il manquerait le plafond. Est-ce cette ouverture qui nous invite à nous asseoir devant ?
La verticalité et la gémellité des deux colonnes font résonner l’horizontalité du fleuve qui ne cesse de nous inviter au voyage.
Devant ces deux colonnes aux allures antiques, chaque jour satisfait le lot de touristes venant faire son selfie unique et instantané. Sur les marches en marbre discutent des personnes de divers horizons. D’autres y vivent quotidiennement.
Chacun ici semble seul avec le monde.
Le narrateur tente de nous raconter une histoire dans ce théâtre à ciel ouvert. Il retrace sa relation intime avec le Portugal et ses habitants qu’il met en parallèle avec l’attachement qu’il porte à sa presqu’île d’origine. C’est entre ces deux colonnes, où chacun semble chercher un
image ou se construire dans un fragile équilibre, qu’il nous invite à regarder l’effacement des paysages.